L’art comme thérapie

L’art thérapie est de plus en plus présente au sein des résidences seniors et des EHPAD, elle propose comme solution naturelle, d’agir sur les émotions, les troubles physiques et cognitifs qui sont notamment des maux liés au vieillissement. Ces maux peuvent être soulagés et amoindris par cette méthode. Elle ne s’adresse pas uniquement aux seniors, elle permet aussi d’aider les personnes malades ou qui présentent un handicap.

peinture abstraite

L’art thérapie, un vecteur de libération des émotions

Les seniors sont une population pour qui l’art thérapie est particulièrement efficace. Le pouvoir de la création permet de solliciter et stimuler les capacités cognitives, sensorielles et motrices. Ces supports artistiques invitent à exprimer des sentiments profonds, souvent enfouis mais aussi des ressentis liés aux maladies chroniques ou aux événements émotionnellement lourds comme le deuil ou la séparation. Cette pratique douce est une bonne alternative pour impliquer l’individu, l’intéresser et ainsi lever des barrières pour que la confiance s’installe avec l’art-thérapeute.

Une ressource pour stimuler ses capacités

Elle est le moyen d’activer les capacités de concentration, de restructurer la pensée mais elle permet aussi de renforcer la confiance en soi, de se sentir utile et de partager avec les autres.

L’art-thérapie peut être un moyen d’apprivoiser un nouveau lieu, de faire le lien avec le passé, de mettre en scène ses émotions et ses angoisses. Elle permet aussi de créer des rencontres, de se sentir valorisé.

la qualité de l’expression créative n’est pas en jeu. Créer, c’est donner existence à son « œuvre » car quelque soit son degré de créativité, chacun donne de soi en utilisant la peinture, le collage, l’écriture ou le modelage mais aussi l’art de la scène, la photographie…

On stimule l’imagination en levant des mécanismes de défense qui mettent à distance les souffrances psychologiques à travers l’expression artistique. La création devient le « miroir » du ressenti. Ces techniques font appel à de nombreuses capacités chez la personne, la psychomotricité est favorisée mais pas seulement, l’art-thérapie fait appel à la mémoire, aux sens, à la structuration de la pensée, aux émotions.

palette de peintre

Ses bénéfices thérapeutiques

Pour les personnes souffrant d’Alzheimer, cette pratique permet d’affiner les gestes en favorisant la motricité « fine ». Par le choix des couleurs par exemple, les malades expriment leurs émotions qu’ils ne parviennent plus à verbaliser. Les études montrent que l’art-thérapie agit sur l’amélioration de l’état dépressif en créant de l’apaisement et en diminuant l’anxiété. C’est souvent le moyen de développer le contact physique, de capter un regard en canalisant les troubles psycho-comportementaux.

L’ambiance de l’atelier créée par l’art thérapeute est chaleureuse et intime, elle favorise la sécurité, la confiance et la liberté d’expression en mettant de côté tout jugement, toute évaluation et toute attente. L’art-thérapie permet de ralentir les effets de la maladie.

L’art-thérapie et le monde artistique

En France, les institutions sont encore un peu frileuses quant à l’introduction de cet outil au sein des activités qu’elles proposent. En Suisse et en Belgique, l’intervention des art thérapeutes en institution est devenue monnaie courante et les effets de ces ateliers ne sont plus à démontrer.

Le musée du Louvre a mis en place en 2016, un programme d’art-thérapie à destination des patients souffrant d’Alzheimer, ce fut le Moma de New York qui eut l’initiative de la démarche, voilà plus de 10 ans.

Au Québec, des études montrent les bienfaits de l’art sur les personnes souffrant de maladies mentales ou physiques. Le musée des beaux-arts de Montréal propose déjà des ateliers et certains patients peuvent même recevoir une prescription de leur médecin les incitant à faire des visites. En France, les méthodes dites douces ne sont pas assez valorisées.

Pyramide du Louvre

L’art, bénéfice universel

C’est une notion accessible à chacun, un enfant qui fabrique, un ancien qui monte sur scène, un jeune qui se prend de passion pour la photographie. Autant d’exemples qui donnent sens à l’art-thérapie : créer, c’est sortir de soi pour exprimer librement ses émotions à travers un support. Les grottes de Lascaux en sont encore une belle illustration. La création est depuis toujours, générateur de bien-être et libérateur. L’art-thérapie, une méthode douce qui invite au mieux-vivre quelque soit son handicap, sa pathologie.

Portrait d’expert

Allons à la rencontre de Laetita Portal, la fondatrice de Hello Art Up une jeune startup qui à travers l’art et les nouvelles technologies veut développer une expérience immersive et sociale.

Bonjour Laetitia, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai eu la chance de grandir avec un Grand-Père doté d’une imagination débordante : 3 pierres alignées dans un chemin et nous étions devant une voie romaine ! Il m’a transmis son goût des vieilles pierres, et j’ai fait des études d’Archéologie et d’Histoire de l’Art en Sorbonne. J’ai ensuite intégré une entreprise de l’industrie culturelle créative, au début pour un job étudiant d’hôtesse d’accueil… et j’y suis restée 20 ans, en gravissant les échelons jusqu’au poste de General Manager France Suisse Belgique Luxembourg, et oui la promotion interne fonctionne encore !

D’où vous vient l’idée de créer Hello Art Up ?

L’alliance de l’art et des nouvelles technologies pour valoriser l’expérience et les connaissances des anciens. « l’Art nous guérit ». En lisant les travaux du neurologue Pierre Lemarquis, j’ai été frappée de retrouver ce que je voyais au quotidien dans les musées : les œuvres apportent aux visiteurs, notamment les seniors, une source de bien-être. Mais l’information leur est transmise sous forme descendante et je voulais créer un outil numérique permettant d’exprimer les émotions ressenties, de les rendre vivantes. En créant Hello Art Up, j’ai l’ambition de redonner fierté aux seniors, de partager tout ce qu’ils sont capable de faire, grâce aux Arts, et en offrant un écrin numérique à leur service.

Comment se passe la mise en place du projet ?

Le projet est présenté aux résidents par une petite équipe restreinte de l’établissement avec laquelle nous mettons en place le projet : le/la responsable vie sociale et coordination, ou l’animateur-rice tient le rôle central, souvent avec le/la psychomotricien-ne avec plusieurs soignant(e)s et le directeur ou la directrice bien sûr.

Entre une et plusieurs demi-journées d’intervention auprès des résidents sont programmées, ainsi qu’avec les collaborateurs et proches, puisqu’il s’agit d’un outil numérique inclusif. Nous les enregistrons sur les œuvres artistiques et culturelles qu’ils ont eux-mêmes choisies en toute liberté, y compris des objets issus de leur parcours de vie ou leurs propres réalisations. 

Dans un délai de 15 à 40 jours, la restitution du projet est l’occasion d’une présentation événement au sein de l’établissement. Le dispositif est visible sur tous types d’écrans : tablettes, smartphone, ordinateur, casques VR (plateforme virtuelle) et télévision ou vidéo-projecteur sous format vidéo.

La vocation du projet est d’être évolutive. Une fois mis en place, différentes thématiques peuvent être abordées (musique, littérature, cinéma, patrimoine naturel, historique..) et de nouveaux participants peuvent être intégrés (résidents, collaborateurs et proches).

Comment les résidents réagissent à ce projet ?

« Tout ce que nous sommes capables de faire ». c’est une phrase que j’ai entendue sur tous nos projets ! Les conversations sont riches et stimulantes, permettant de le faire vivre et de renforcer la fierté et l’estime de soi.

Nous encourageons la pair-aidance et beaucoup de liens se nouent entre résidents entre eux et avec les collaborateurs. Il s’agit d’une expérience qui rapproche beaucoup en valorisant les cultures et désinhibant la parole. Les résidents apprécient surtout l’évolutivité du dispositif, qui devient support multiple des activités, comme par exemple : « des activités de démocratisation du Conseil de Vie Sociale et des animations, qui boostent la dynamique de l’établissement » (Philippe C., responsable coordination et vie sociale).

Avez-vous des anecdotes à raconter sur des projets ?

Oui, une des participantes qui était très timide au lancement du projet, avait ressorti des dessins qu’elle avait fait 3 ans auparavant. Nous l’avons écoutée et enregistrée. Depuis, en revenant dans cet établissement notamment pour une nouvelle thématique intergénérationnelle, j’ai été très surprise par son assurance : elle s’est remise à peindre et à dessiner, puis, en pair-aidance, à aider des personnes avec des troubles cognitifs à s’exprimer à leur tour lors des enregistrements. C’était une vraie transformation y compris et particulièrement dans le timbre de sa voix : toute sa fierté transparaissait de ce que, je la cite « je suis capable de faire et d’apporter aux autres ! »